Évaluation des initiatives visant à remédier aux blessures de stress post-traumatique (BSPT) chez les agents de la sécurité publique

Résumé

Les agents de la sécurité publique jouent un rôle essentiel pour assurer la sécurité des Canadiens, ce qui les expose souvent à des incidents traumatisants pouvant entraîner des blessures de stress post traumatique (BSPT). Reconnaissant la nécessité de soutenir la santé mentale des agents de la sécurité publique, le gouvernement du Canada a annoncé « Soutenir le personnel de la sécurité publique du Canada : Plan d’action sur les blessures de stress post-traumatique » en avril 2019. Dans le cadre de ce plan d'action, Sécurité publique Canada a financé l'Institut canadien de recherche et de traitement en sécurité publique (ICRTSP) de l'Université de Regina pour élaborer et mettre à l'essai un projet pilote de thérapie cognitive comportementale sur Internet (TCCI) à l'intention des agents de la sécurité publique, ainsi que pour établir un Centre de partage de connaissances pour la recherche liée aux BSPT parmi les agents de la sécurité publique.

Ce que nous avons examiné

L’évaluation a porté sur les activités des initiatives dans le cadre de l’entente de contribution conclue avec l’ICRTSP de janvier 2019, date de la signature de l’entente, à avril 2022.

Constatations

  1. Les BSPT constituent un problème grave pour la communauté de la sécurité publique, et il existe un besoin continu pour le type de programmes et de recherches offerts par les initiatives. La recherche liée aux BSPT chez les agents de la sécurité publique, p. ex. au sujet de la prévalence, des répercussions et des traitements qui sont efficaces, en est à ses premières étapes et de nombreuses lacunes dans les connaissances restent à combler. L’ICRTSP répond à un besoin en offrant un centre national de recherche qui met l’accent sur la santé mentale des agents de la sécurité publique.
  2. Le projet pilote de TCCI possède un ensemble unique d’attributs, notamment le fait d’être conçu pour les agents de la sécurité publique, d’offrir des services de cliniciens qui se spécialisent dans le traitement des traumatismes dans le contexte de la sécurité publique, d’être confidentiel et d’être libre d’accès.
  3. Le Centre de l’ICRTSP est de plus en plus reconnu comme un centre de recherche sur la santé mentale des agents de la sécurité publique et a fait des progrès pour faciliter l’application et la mobilisation des connaissances, bien que les produits de connaissance pourraient être plus accessibles pour la communauté de la sécurité publique en ce qui a trait au contenu et à la diffusion.
  4. Les premiers résultats du projet pilote de TCCI indiquent qu’il est efficace pour aider les agents de la sécurité publique qui subissent les effets d’un traumatisme, et l’on souhaite qu’il soit offert dans d’autres administrations.
  5. On pourrait faire davantage pour maximiser le potentiel de chaque initiative en les faisant mieux connaître et en élargissant leur portée au sein des communautés de la sécurité publique et de la recherche. La nature des initiatives signifie qu’il existe de nombreuses possibilités d’intégrer l’ACS Plus, et l’évaluation a permis de constater que cela pourrait être fait dans une plus grande mesure et mieux documenté. Les processus actuels de mesure du rendement pourraient être renforcés afin de permettre une évaluation plus complète des progrès.

Recommandations

Le sous-ministre adjoint, Secteur de la gestion des urgences et des programmes, devrait, dans le cadre du financement renouvelé ou continu :

  1. Explorer des méthodes pour soutenir la durabilité et l’expansion du projet pilote de TCCI en assurant la collaboration et la coordination avec les provinces, les territoires et les organismes concernés.
  2. Veiller à ce que les ressources fournies à l’ICRTSP soient suffisantes pour la communication et la diffusion des produits de connaissances et envisager de collaborer avec des partenaires fédéraux (p. ex. Statistique Canada) à l’appui de l’élaboration d’une base nationale d’information.
  3. Revoir et réviser l’approche actuelle en matière de mesure du rendement, y compris l’élaboration d’un modèle logique, d’un cadre de mesure du rendement et d’une approche qui intègre mieux l’ACS Plus.

1. Aperçu général et contexte

Les agents de la sécurité publique jouent un rôle essentiel pour assurer la sécurité des Canadiens, ce qui les expose souvent à des incidents traumatisants pouvant entraîner des blessures de stress post traumatique (BSPT). Ces blessures comprennent le trouble de stress post traumatique (TSPT) diagnostiqué en clinique et d’autres problèmes de santé mentale, comme l’anxiété, la dépression et la toxicomanie. On estime qu’environ 20 % à 45 % des agents de la sécurité publique ont un TSPT ou un autre problème de santé mentale.

Reconnaissant la nécessité de soutenir la santé mentale des agents de la sécurité publique, le gouvernement du Canada a annoncé, en avril 2019, une initiative conjointe entre le portefeuille de la Sécurité publique (y compris Sécurité publique Canada [SP]) et le portefeuille de la Santé :  « Soutenir le personnel de la sécurité publique du Canada : Plan d’action sur les blessures de stress post-traumatique » (le plan d’action). Le Plan d’action vise à assurer un leadership et une coordination à l’échelle nationale en ce qui concerne les efforts visant à appuyer la recherche, la prévention, l’intervention précoce, la réduction de la stigmatisation, les soins et les traitements pour tout le personnel de la sécurité publique, partout au pays, tout en reconnaissant que les agents de la sécurité publique travaillent dans de nombreuses administrations qui ont chacune leur propre responsabilité à l’égard de la santé mentale de leurs employés.

Agents de la sécurité publique : Expression qui englobe de manière générale le personnel de première ligne qui veille à la sécurité des Canadiens dans toutes les provinces et tous les territoires, p. ex. le personnel des trois services d’intervention d’urgence (les auxiliaires médicaux, les pompiers et les policiers, y compris la GRC), le personnel correctionnel, le personnel des services frontaliers, le personnel opérationnel et du renseignement, les gestionnaires des mesures d’urgence, les gestionnaires des mesures d’urgence autochtones, le personnel de recherche et de sauvetage et le personnel de répartition. Plus particulièrement, le milieu de la recherche emploie le terme analogue « personnel de la sécurité publique ».

Les deux initiatives visées par la présente évaluation ont obtenu du financement de 2018-­2019 à 2022­-2023 dans le cadre d’une entente de contribution avec l’Université de Regina pour certaines activités de l’Institut canadien de recherche et de traitement en sécurité publique (ICRTSP) [ci-­après les initiatives]. Ces deux initiatives sont les suivantes :

Centre de partage de connaissances de l’ICRTSP (Centre de l’ICRTSP) : Un montant de 5 millions de dollars sur cinq ans a été affecté à la mise sur pied du Centre de l’ICRTSP pour la recherche sur les BSPT chez les agents de la sécurité publique. L’une des principales activités du Centre de l’ICRTSP consiste à établir et à tenir à jour le Réseau d’universitaires, de chercheurs et de cliniciens (Réseau de l’ARC), qui vise à encourager et à faciliter la coordination de la recherche entre les universitaires, les chercheurs et les cliniciens, ainsi qu’à mener des activités d’application et de mobilisation des connaissances auprès de la communauté des agents de la sécurité publique. Le Comité directeur en sécurité publique (CDSP) fournit des conseils et des directives en ce qui concerne l’orientation stratégique de l’ICRTSP et contribue à la détermination du programme de recherche de l’ICRTSP. Les membres du CDSP sont des cadres supérieurs de la sécurité publique et des membres d’organisations et d’associations d’agents de la sécurité publique. L’ICRTSP agit à titre de secrétariat du CDSP.

Projet pilote de thérapie cognitive comportementale sur Internet (TCCI) : Un montant de 10 millions de dollars sur cinq ans a été alloué à l’ICRTSP pour l’élaboration et la mise à l’essai d’un programme de TCCI afin d’améliorer l’accès à des soins et à des traitements de qualité, en particulier pour les agents de la sécurité publique dans les régions rurales ou éloignées. Le projet pilote est tenu par le centre de recherche clinique PSPNET, et deux cours de huit semaines de TCCI spécialement conçus pour les agents de la sécurité publique y sont offerts avec le soutien de thérapeutes, soit un cours sur le bien­-être visant à aider les agents de la sécurité publique ayant divers problèmes de santé mentale, comme la dépression ou l’anxiété; et un cours sur le TSPT visant à aider les agents de la sécurité publique qui présentent des symptômes de TSPT. Les deux cours offrent du matériel présenté en ligne chaque semaine ainsi que le soutien d’un thérapeute formé en TCCI pour les problèmes de stress post­traumatique. Les thérapeutes examinent les progrès réalisés par les clients et répondent aux questions ou aux commentaires de ces derniers au moyen d’un système de courriel sécurisé, habituellement une ou deux fois par semaine. Pour les clients qui ont besoin d’un soutien supplémentaire, les thérapeutes peuvent communiquer avec le client par téléphone ou communiquer avec lui plus fréquemment. Le soutien du thérapeute est habituellement offert pendant 8 semaines, mais peut être prolongé jusqu’à 16 semaines, selon les besoins du client.

2. But et méthodologie du projet

L’évaluation avait pour but d’examiner la pertinence des initiatives relatives aux BSPT, l’efficacité de leur mise en œuvre, l’atteinte de leurs résultats et l’efficience de leur exécution. L’évaluation a porté sur les activités des initiatives dans le cadre de l’entente de contribution conclue avec l’ICRTSP de janvier 2019, date de la signature de l’entente, à avril 2022, et a été menée conformément à la Politique sur les résultats et à la Directive sur les résultats du Conseil du Trésor.

Entrevues :  Vingt-­trois entrevues ont été menées auprès de 27 personnes, dont des membres du personnel de l’ICRTSP, des représentants de SP, des membres du CDSP et des membres du Comité consultatif du Réseau d’universitaires, de chercheurs et de cliniciens (ARCNAC).

Examen de la documentation et des documents du programme :  La documentation (p. ex. recherches universitaires, rapports gouvernementaux et indépendants) et les documents ministériels (p. ex. mandat, plan d’action, entente de contribution) ont été examinés.

Données sur le rendement et les finances : Les données sur le rendement tirées des rapports de rendement provisoires et annuels ont été examinées. Les données financières du programme ont également été analysées.

Restrictions : Les initiatives n’ont pas de modèle logique ou de cadre de mesure du rendement, et certains des résultats énumérés dans les documents de rapport sur le rendement sont plutôt des « activités ». Par conséquent, les données disponibles sur le rendement mettent davantage l’accent sur les extrants que sur les résultats. Les rapports sur le rendement utilisent également différentes mesures et des périodes différentes, de sorte que les tendances au fil du temps ne peuvent être facilement établies. De plus, peu d’informateurs clés ont été en mesure de traiter de l’ensemble des questions d’évaluation; en particulier, la plupart des informateurs clés n’ont pas pu répondre aux questions liées au projet pilote de TCCI. En raison de problèmes de confidentialité et de protection des renseignements personnels, les participants au projet pilote de TCCI n’ont pas été consultés dans le cadre de cette évaluation.

Remarque : L’initiative conjointe entre les Instituts de recherche en santé du Canada et l’ICRTSP visant à permettre à un consortium de recherche de recueillir des données et d’effectuer des recherches sur les BSPT chez les agents de la sécurité publique ne fait pas partie de la portée de l’évaluation.

3. Constatations

3.1 Pertinence

3.1.1 Besoin continu

Constatation : Il existe un besoin continu en ce qui concerne les initiatives, car les agents de la sécurité publique courent un risque accru de développer des BSPT, ce qui a de graves répercussions sur les agents, leur famille et les services de sécurité publique.

En raison de la nature même de leur travail, les agents de la sécurité publique sont exposés de façon répétée à la criminalité, à la violence, aux accidents, aux catastrophes naturelles, à du matériel troublant et à d’autres situations d’urgence qui augmentent leur risque de développer des BSPT. Cela a des répercussions vastes, de grande portée et interdépendantes sur les agents de la sécurité publique. Parmi les répercussions les plus courantes des BSPT, mentionnons les troubles liés à dépression et à l’anxiété, les problèmes de colère, la détresse émotionnelle, les troubles de toxicomanie, l’automutilation, les troubles du sommeil, le sentiment de désespoir, l’augmentation de l’agressivité et des comportements à la recherche de conflits, le repli sur soi, les fluctuations de poids et les comportements suicidaires.

Les BSPT touchent également les familles des agents de la sécurité publique. Les BSPT peuvent entraîner le retrait de sa famille, la perte de revenu, les conflits familiaux et conjugaux (y compris la séparation, le divorce et les conflits pour la garde des enfants), le stress pour les enfants et les conjoints, les traumatismes intergénérationnels et la violence conjugale.

De plus, les BSPT ont diverses répercussions sur les services de sécurité publique, y compris les pénuries de personnel (p. ex. absentéisme, difficultés de recrutement et de maintien en poste), le mauvais rendement au travail, l’altération de la prise de décisions, l’augmentation du stress et des responsabilités pour les collègues et la diminution du moral au sein du milieu de travail. Par conséquent, les BSPT peuvent coûter aux organismes de sécurité publique des sommes considérables sous forme de coûts liés aux heures supplémentaires, au recrutement et à la formation de nouveaux employés, au traitement lui­-même et aux primes d’assurance.

Des études récentes montrent que :

  • 85 % des agents de la sécurité publique ont été exposés à au moins un incident traumatisant (11 fois plus élevé que les autres segments de la population canadienne);
  • 45 % des agents de la sécurité publique souffrent d’un ou de plusieurs troubles de santé mentale (comparativement à 10 % de la population générale);
  • 23 % des agents de la sécurité publique ont fait l’objet d’un dépistage positif pour le TSPT;
  • 40 % des employés de la GRC ont mentionné la « santé psychologique » comme raison lors du recours aux services d’aide aux employés.

Constatation : L’ICRTSP fait partie de l’approche fédérale pour remédier aux BSPT, complète celle­-ci et ne fait pas double emploi avec les programmes et les services existants à l’échelle fédérale, provinciale ou territoriale.

Les initiatives offertes par l’ICRTSP s’inscrivent dans une approche fédérale plus vaste pour remédier aux BSPT et donner suite aux trois piliers du plan d’action en appuyant les activités de recherche au moyen de la mobilisation et de l’application des connaissances (pilier 1), en déployant des efforts en matière de prévention, d’intervention précoce et de réduction de la stigmatisation (pilier 2), et en mettant à l’essai des soins et des traitements pour tous les types de personnel de la sécurité publique qui pourraient être offerts partout au pays (pilier 3). 

En ce qui concerne ses activités de recherche, la création et la croissance continue du Réseau de l’ARC constituent un moyen tangible pour l’ICRTSP de combler les lacunes en matière de recherche. En cernant les chercheurs qui travaillent dans ce domaine (ou qui souhaitent travailler dans ce domaine), en les rassemblant au sein d’un réseau et en les mettant en contact avec les membres du CDSP, il y a une meilleure coordination et un meilleur partage de l’information, ce qui devrait mener à des produits de recherche plus pertinents et réduire les chevauchements et les inefficacités dans les travaux de recherche menés. Aucune autre organisation au Canada n’assume ce rôle.

« Nous avons besoin de l’ICRTSP. Il s’agit de la seule organisation nationale qui se penche sur les BSPT et le personnel de la sécurité publique. » – Personne interrogée

De plus, l’évaluation a révélé que peu de données probantes indiquent un chevauchement en ce qui concerne les programmes des initiatives liés à la prévention, aux soins et au traitement des BSPT chez les agents de la sécurité publique. L’absence de double emploi a été attribuée à un certain nombre de facteurs, y compris l’ampleur du problème et le niveau élevé des besoins non satisfaits (ce qui indique qu’il y a place pour la participation de plusieurs intervenants).

Le portrait global des services de santé mentale pour les agents de la sécurité publique est un ensemble de services disparates manquant de coordination et pouvant laisser des lacunes dans la prestation, le contenu et la portée. Pour les agents de la sécurité publique employés par le gouvernement fédéral, un certain nombre de services et de programmes de santé mentale offerts par leurs ministères fédéraux sont propres à leur secteur (p. ex. la GRC, l’Agence des services frontaliers du Canada, le Service correctionnel du Canada). D’autres ordres de gouvernement qui emploient des agents de la sécurité publique (les provinces, les territoires et les municipalités) peuvent également offrir des programmes de santé mentale ou offrir un accès à des services par l’intermédiaire de leurs programmes d’aide aux employés ou de programmes d’indemnisation des travailleurs.

De plus, des organismes sans but lucratif et des entreprises privées offrent des services de santé mentale. Toutefois, peu de programmes sont conçus spécifiquement pour les agents de la sécurité publique, et encore moins sont fondés sur des données probantes, s’étendent au­-delà d’un seul secteur de la sécurité publique, offrent un soutien clinique par des cliniciens qui ont de l’expérience avec les agents de la sécurité publique et sont offerts gratuitement au point d’utilisation. Tous ces éléments sont offerts par le projet pilote de TCCI.

L’annexe A présente une liste non exhaustive de programmes semblables au projet pilote de TCCI qui ont été relevés au moyen d’une analyse en ligne.

Constatation : L’ICRTSP collabore avec des organisations et des initiatives semblables, mais pourrait tirer davantage parti des possibilités de collaboration et de coordination.

L’ICRTSP travaille en collaboration avec l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans et l’Institut Atlas pour les vétérans et leur famille (l’Institut Atlas), qui sont des organismes ayant des mandats similaires pour remédier aux BSPT, mais dont les services sont uniquement destinés aux militaires et aux anciens combattants. Ces organismes mènent des activités semblables en ce qui a trait à l’application des connaissances et à la création de réseaux qui unissent les chercheurs et les membres de première ligne. L’ICRTSP a signé des protocoles d’entente avec chaque organisme afin de réduire les chevauchements possibles (les agents retraités de la GRC sont également considérés comme d’anciens combattants), d’élaborer et de partager des ressources et d’apprendre les uns des autres. L’ICRTSP a également entrepris des activités de collaboration avec les Forces armées canadiennes et la Commission de la santé mentale du Canada en ce qui a trait au programme En route vers la préparation mentale (RVPM), bien que la pandémie semble avoir eu une incidence sur la réalisation de ces activités dans les délais prescrits et que la relation entre les parties ne soit pas claire.

L’ICRTSP participe moins aux initiatives provinciales, territoriales ou municipales, et il pourrait y avoir des possibilités de collaboration et de coordination accrues avec ces ordres de gouvernement.

Constatation: Bien qu’il reste du travail à faire, les initiatives visent à combler les lacunes en matière de recherche sur les BSPT et à résoudre les obstacles à l’accès aux programmes et aux services qui répondent spécifiquement aux besoins des agents de la sécurité publique.

Les besoins et les lacunes sont nombreux en matière de recherche en ce qui a trait aux BSPT chez les agents de la sécurité publique. Certains sont plus pressants que d’autres, notamment le besoin d’études longitudinales et de base, la compréhension des facteurs de risque associés au développement de BSPT, l’efficacité des interventions et des programmes actuels, l’efficacité des stratégies de prévention et d’atténuation, la recherche pour des secteurs spécifiques, particulièrement pour les secteurs qui, généralement, ne sont pas ciblés par la recherche, les répercussions des BSPT sur les familles, et les recoupements entre les BSPT et l’Analyse comparative entre les sexes Plus (ACS Plus).

La mesure dans laquelle le Centre de l’ICRTSP a cerné et comblé les besoins et les lacunes en matière de recherche a connu une hausse dans le cadre des initiatives. Le Centre de l’ICRTSP cerne les lacunes et les problèmes d’accessibilité de diverses façons, notamment par l’entremise du Réseau de l’ARC, du Consortium national de recherche sur les BSPT, ainsi qu’au moyen de divers forums de partage des connaissances, notamment des webinaires, des séances de discussion ouverte et des ressources sur son site Web.

Le projet pilote de TCCI vise à éliminer bon nombre des obstacles à l’accessibilité des programmes de santé mentale pour les agents de la sécurité publique qui sont omniprésents et interconnectés, en plus de se renforcer mutuellement. Ce projet est limité aux régions du pays où il est disponible (actuellement dans cinq provinces).

Obstacles à l’accessibilité

  • Stigmatisation et crainte des conséquences si l’on demande de l’aide
  • Manque de capacité du système
  • En personne, heures d’ouverture
  • Lacunes en matière de services dans les régions rurales et éloignées
  • Manque de sensibilisation aux risques associés aux BSPT et aux services disponibles
  • Coûts

Atténuation au moyen de la TCCI

  • Confidentiel, ne nécessite pas de référence de l’employeur
  • Ajout à la capacité existante
  • Virtuel, calendrier flexible
  • Promotion du projet pilote de TCCI permettant d’améliorer la sensibilisation
  • Gratuit au point d’utilisation
  • Virtuel, connexion Internet

3.2 Efficacité

3.2.1 Mise en oeuvre

Constatation : En un peu plus de trois ans (de janvier 2019 à avril 2022), le Centre de l’ICRTSP et le projet pilote de TCCI ont été mis en œuvre comme prévu et ont fait preuve de souplesse et de capacité pour répondre aux besoins.

Le Centre de l’ICRTSP a pris du temps à être développé, mais des structures clés sont maintenant en place. Les deux premières années de financement ont été consacrées à la mise sur pied de l’équipe des opérations de l’ICRTSP et à l’élaboration des rôles du CDSP, du Réseau de l’ARC et de l’ARCNAC. L’ARCNAC est un organisme élu qui représente le Réseau de l’ARC, oriente son développement et cherche à en assurer la durabilité.

Bien que la pandémie de COVID 19 ait eu des répercussions sur les progrès, le Centre de l’ICRTSP a fait preuve de souplesse en modifiant ses activités pour appuyer les agents de la sécurité publique de première ligne dans le cadre d’un projet sur l’état de préparation et l’intervention relatif à la COVID 19. Ce projet a rapidement rassemblé des intervenants et permis d’élaborer des produits de connaissances afin d’aider la communauté des agents de la sécurité publique à faire face aux répercussions potentielles de la pandémie de COVID 19 sur la santé mentale des agents. Cela a été accompli tout en continuant de travailler au renforcement des capacités et à l’amélioration du partage des connaissances.

Depuis sa création, le Réseau de l’ARC a connu une croissance et compte maintenant 140 membres, et des efforts continus sont déployés pour accroître le nombre de ses membres.

Les responsables du projet pilote de TCCI ont élaboré son modèle et son contenu en adaptant des modèles éprouvés et le contenu en fonction des expériences et des besoins des agents de la sécurité publique. Une pratique exemplaire est la nature évolutive du projet pilote de TCCI puisqu’il comporte une boucle de rétroaction continue en fonction de laquelle l’expérience des participants oriente les améliorations.

Le projet pilote de TCCI a dépassé les attentes en passant de deux à cinq provinces. Il a été lancé dans les deux provinces initiales prévues (la Saskatchewan et le Québec) dans les délais prévus et est depuis offert dans trois autres provinces (la Nouvelle­-Écosse, le Nouveau-­Brunswick et l’Île­-du­-Prince-Édouard). L’expansion a été possible, car le PSPNET disposait de la capacité nécessaire et que le financement fédéral a été jumelé aux fonds provinciaux et privés, le tout conjugué au fait que les provinces ont pu bénéficier d’économies d’échelle créées par leur adhésion simultanée. L’expansion du projet pilote de TCCI a eu une plus grande portée géographique que ce qui était prévu à l’origine.

Les services offerts dans le cadre du projet pilote ont également été élargis. Deux cours (TSPT et mieux­-être) étaient offerts au départ et l’on examine actuellement la pertinence d’une version autoguidée du cours sur le mieux-­être.

En février 2022, plus de 560 agents de la sécurité publique avaient reçu des services dans le cadre du projet pilote de TCCI dans les cinq provinces.

Constatation : Le Centre de l’ICRTSP et le projet pilote de TCCI répondent aux premiers défis liés à la sensibilisation et à la portée, mais on reconnaît qu’il faut faire davantage pour maximiser le potentiel des deux initiatives.

Le principal défi cerné pour le Centre de l’ICRTSP et le projet pilote de TCCI est la nécessité d’accroître la sensibilisation et la portée. Pour le Centre de l’ICRTSP, il faut élargir et diversifier sa portée tant auprès des agents de la sécurité publique qu’auprès des milieux universitaires et de la recherche. En ce qui concerne le projet pilote de TCCI, cela comprend la nécessité d’accroître le taux de participation, qui est jugé plus lent que prévu dans les administrations participantes (la cible dans l’entente de contribution était de 3 000 agents de la sécurité publique).

Diverses activités visant à élargir la portée des initiatives (y compris au moyen des médias sociaux) sont en cours. L’ICRTSP travaille à l’élargissement du Réseau de l’ARC ainsi qu’à l’élaboration d’une stratégie de campagne médiatique afin de mieux faire connaître l’ICRTSP et le PSPNET. Parmi les autres suggestions visant à accroître la participation au projet pilote de TCCI, mentionnons l’utilisation accrue des réseaux et des associations des membres du CDSP qui sont en contact avec le personnel de première ligne pour promouvoir le programme.

Un autre défi pour le projet pilote de TCCI consiste à embaucher des cliniciens, ce qui sera important pour appuyer les efforts visant à élargir sa portée. Ce défi découle d’un manque de cliniciens possédant de l’expérience dans le travail auprès des agents de la sécurité publique dans l’ensemble du système et de l’incapacité d’offrir une échelle de rémunération concurrentielle.

3.2.2 Centre de l’lCRTSP

Constatation : Le Centre de l’ICRTSP est de plus en plus reconnu comme un centre national sur la santé mentale des agents de la sécurité publique. Le Centre a fait des progrès importants en ce qui concerne la facilitation de l’application et de la mobilisation des connaissances, tandis que d’autres résultats nécessitent un horizon à plus long terme avant que des progrès significatifs puissent être réalisés.

Selon les intervenants, l’ICRTSP a établi ce qui a été décrit à diverses reprises comme étant une « excellente » réputation, « solide » et « très positive », en tant que centre national de renseignements sur la santé mentale des agents de la sécurité publique. Cette réputation existe au sein des communautés de la sécurité publique et de la santé mentale au Canada. De plus, la réputation positive de l’ICRTSP s’accroît à l’échelle nationale, à mesure que les provinces et les territoires découvrent son travail, ainsi qu’à l’échelle internationale, en particulier avec l’intérêt de l’Australie et des États-­Unis.

Voici les principaux facteurs qui ont facilité la réputation grandissante de l’ICRTSP :

  • la communication étroite entre l’ICRTSP et le CDSP;
  • l'expertise et la réputation de l’équipe de l’ICRTSP, y compris de son directeur scientifique;
  • l’engagement démontré par l’ICRTSP en ce qui concerne l’amélioration des conditions pour les agents de la sécurité publique souffrant de BSPT.

Comme preuve de sa réputation, l’ICRTSP reçoit un nombre croissant de demandes visant à aider la communauté des agents de la sécurité publique à prendre des décisions éclairées et fondées sur des données probantes relativement aux programmes de santé mentale disponibles. De plus, l’ICRTSP participe à des projets internationaux et a établi des relations avec d’autres grands centres de recherche et universités, y compris des partenariats avec 62 universités et organismes représentant 12 secteurs de première ligne essentiels.

En ce qui concerne la facilitation de l’application et de la mobilisation des connaissances, les progrès réalisés comprennent les suivants :

  • Prestation de webinaires et de séances de discussion ouverte virtuelles pour partager des recherches avec le milieu universitaire et la communauté des agents de la sécurité publique. Alors que le nombre de webinaires a diminué entre 2020­-2021 et 2021­2022 (de 30 à 15, bien qu’il ait tout de même dépassé le nombre cible), le nombre de participants (sur place et en ligne) a représenté en moyenne 100 participants par séance en 2021-­2022, soit une augmentation de 45 % par rapport à 2020-­2021. Les webinaires offerts ont été visionnés plus de 8 500 fois (en direct et en vidéo). La présence aux webinaires n’est pas consignée par secteur, de sorte que la portée au sein de la communauté des agents de la sécurité publique n’est pas pleinement connue.
  • Élaboration de produits accessibles à la communauté des agents de la sécurité publique en offrant des versions plus courtes des webinaires aux travailleurs de première ligne, des publications non scientifiques ainsi que des résumés et des comptes rendus de recherche.
  • Établissement de liens entre la communauté des agents de la sécurité publique et les cliniciens et les chercheurs, notamment au moyen de l’élaboration du formulaire de projet de recherche, de l’établissement du réseau de champions de la santé mentale des agents de la sécurité publique et du projet « Les proches, c’est important! ». Le formulaire de projet de recherche permet de recueillir de l’information sur les activités de recherche liées aux agents de la sécurité publique au Canada. L’ICRTSP partage ensuite cette information avec ses intervenants, ce qui aide les agents de la sécurité publique et les dirigeants à déterminer les projets de recherche auxquels ils participeront.

Réaction des intervenants :

  • Parmi les participants aux webinaires, 91 % ont trouvé que ceux-­ci étaient utiles
  • Parmi les répondants, 55 % estimaient que les résumés de recherche étaient utiles

Constatation : Le Centre de l’ICRTSP offre une valeur supplémentaire aux agents de la sécurité publique en rendant les produits de connaissances plus pertinents, significatifs et exploitables pour les agents de la sécurité publique.

Le Centre de l’ICRTSP a été félicité d’avoir pris le temps de comprendre la communauté des agents de la sécurité publique avant d’offrir des solutions. Toutefois, il serait possible d’accomplir davantage de travail pour améliorer les produits de connaissances en les rendant plus pertinents pour la communauté des agents de la sécurité publique grâce à un langage plus accessible et moins académique et en montrant comment les résultats de la recherche peuvent être transférés dans des éléments, des outils ou des ressources exploitables.

Il a été suggéré de tenir davantage de réunions entre le CDSP et l’ARCNAC, et le Réseau de l’ARC pourrait améliorer les communications et favoriser une meilleure compréhension en ce qui concerne les besoins des agents de la sécurité publique ainsi que la valeur et l’utilité des recherches réalisées. Une conférence nationale pourrait permettre cette communication et promouvoir le travail qui a été accompli. Les méthodes pour accroître l’accessibilité des produits actuels comprenaient l’amélioration de la fonction de recherche du site Web de l’ICRTSP, l’augmentation du nombre de résumés de recherche d’une page et l’assurance que le contenu est disponible dans les deux langues officielles.

Les communications et l’application des connaissances ont été améliorées. Toutefois, comme l’ont fait remarquer certains intervenants, il pourrait être nécessaire d’avoir une grande équipe responsable des communications (p. ex. pour créer un balado). La création de produits de communication efficaces est également compliquée par la nécessité d’avoir différents messages pour rendre le contenu significatif et pertinent pour les différents secteurs de la sécurité publique. À l’heure actuelle, l’ICRTSP compte trois employés responsables des communications à temps plein, ce qui n’est pas suffisant, particulièrement lorsque comparé avec la taille des équipes responsables des communications au sein d’organismes semblables (p. ex. l’Institut Atlas).

L’élaboration d’une base nationale d’information et la détermination d’interventions efficaces constituent un autre domaine d’amélioration. Des efforts sont en cours pour combler cette lacune en matière de recherche, mais les résultats de ces études prendront du temps à être produits. Entre-temps, le Centre de l’ICRTSP a joué un rôle déterminant dans la collecte d’études afin de déterminer les pratiques exemplaires fondées sur un consensus à l’aide d’examens systématiques ou de synthèses de l’examen de la documentation.

3.2.3 Le projet pilote de TCCI

Constatation : En se fondant sur les premiers résultats obtenus, le projet pilote de TCCI a fourni un moyen efficace de traitement aux agents de la sécurité publique qui souffrent de BSPT. Bien que le taux de participation au projet pilote de TCCI ait augmenté au cours des trois premières années, il existe encore des lacunes en ce qui a trait à l’accessibilité et à la portée du programme.

Il existe une base de données probantes à l’appui de l’utilisation de la thérapie cognitive dans le traitement des BSPT. Bien que la documentation sur la TCCI soit plus récente et ne soit généralement pas axée sur la communauté des agents de la sécurité publique, elle indique généralement que la TCCI est efficace et aide à régler les problèmes d’accessibilité aux traitements de santé mentale pour les personnes vivant en milieu rural. En outre, compte tenu des connaissances actuelles, les études en cours sur la TCCI de manière plus générale et sur l’incidence du projet pilote de TCCI auront une grande utilité pour constituer une base de données probantes pour la TCCI dans le traitement des BSPT chez les agents de la sécurité publique.

Le projet pilote de TCCI présente des résultats positifs et est un succès selon les résultats du questionnaire de suivi après le traitement :

  • 97% - montrent une amélioration importante par rapport à l’évaluation des symptômes avant le traitement
  • 91% - ont déclaré être plus confiants dans la gestion de leurs symptômes
  • 98% - ont trouvé que le PSPNET valait la peine
  • 97% - aiguilleraient un ami vers le PSPNET

De nombreux intervenants ont souligné la nécessité d’offrir le projet pilote de TCCI dans un plus grand nombre de provinces et de territoires. En outre, l’offre géographiquement restreinte pourrait avoir une incidence sur l’adhésion, étant donné que les organisations nationales ne peuvent pas promouvoir des programmes auxquels seuls certains de leurs membres peuvent avoir accès. Une autre lacune est la nécessité d’assurer la participation des familles, qui sont des mesures de soutien clés pour les agents de la sécurité publique, et d’offrir des programmes destinés aux membres de la famille qui pourraient subir un traumatisme secondaire.
« Un collègue m’a dit que le cours avait changé sa vie. » – Personne interrogée

3.3 Analyse comparative entre les sexes Plus (ACS Plus)

Constatation : Le Centre de l’ICRTSP et le projet pilote de TCCI ont intégré l’ACS Plus dans leur conception et leur mise en œuvre, mais l’ampleur de l’intégration pourrait être améliorée et mieux documentée.

Les considérations relatives à l’ACS Plus ont été prises en compte dès le départ dans la conception et la mise en œuvre des initiatives relatives aux BSPT, puisque l’entente de contribution de SP avec l’ICRTSP comprend des indicateurs de rendement liés à l’ACS Plus. En outre, l’ICRTSP a mis en place des exigences en matière d’équité, de diversité et d’inclusion pour ses processus d’embauche internes et le processus de sélection des sous-comités du Réseau de l’ARC. De plus, étant donné que les agents de la sécurité publique sont principalement des hommes, des places dans les webinaires sont réservées aux agentes de la sécurité publique pour s’assurer qu’elles ont la possibilité d’y participer.

La nature du projet pilote de TCCI intègre l’ACS Plus en rendant les programmes accessibles aux personnes vivant en milieu rural où les services de santé mentale, particulièrement ceux destinés spécifiquement aux agents de la sécurité publique, sont rares. Le PSPNET permet aux personnes qui n’ont pas accès à Internet haute vitesse et en continu de participer au projet pilote de TCCI en facilitant l’utilisation du programme en plusieurs séances. Le programme permet également aux groupes moins représentés, comme les femmes, les PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur) et les membres de la communauté 2ELGBTQI+ (personnes aux deux esprits, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers et intersexuées), d’avoir un accès entièrement confidentiel au programme.

Parmi les 560 agents de la sécurité publique qui s’étaient inscrits au projet pilote, la majorité vivait dans des collectivités comptant moins de 90 000 résidents (61 %) ou était des femmes (53 %). Parmi ces personnes, 16 % étaient membres d’une minorité ethnique.

Des points à améliorer ont été cernés pour chaque initiative afin de mieux intégrer et documenter l’ACS Plus.

Le Centre de l’ICRTSP doit :

  • Examiner les mesures de rendement liées à l’ACS Plus afin de mieux suivre les progrès réalisés (p. ex. suivi du contenu lié à l’ACS Plus dans le cadre de la recherche, données démographiques des membres du Réseau de l’ARC).
  • Faire en sorte de mettre davantage l’accent sur les lacunes dans la recherche liées à l’intersectionnalité entre les BSPT et divers facteurs identitaires.
  • Veiller à ce que l’application des connaissances et les messages soient accessibles de façon uniforme dans les deux langues officielles.

Le projet pilote de TCCI doit :

  • Veiller à tenir compte des différentes perspectives culturelles. Des activités de sensibilisation ont été menées auprès de familles de diverses cultures afin de mieux comprendre les besoins de ces familles et de ces clients, mais les informateurs clés de tous les groupes d’intervenants croient qu’il serait possible d’en faire plus.

3.4 Efficacité

3.4.1 Ressources des initiatives

Constatation : Bien qu’il y ait peu de renseignements sur l’utilisation efficace des ressources, dans l’ensemble, les ressources des initiatives sont considérées comme ayant été utilisées de façon efficace et efficiente.

La collaboration efficace entre l’ICRTSP et le CDSP, l’ARCNAC, le Réseau de l’ARC, le PSPNET et SP a été citée comme un facteur clé qui contribue à l’utilisation efficace des ressources. Certaines de ces collaborations ont pris du temps à s’établir et d’autres sont toujours en cours de développement, comme une meilleure intégration du CDSP aux décisions concernant les priorités en matière de recherche. D’autres éléments favorisant l’efficacité comprennent notamment l’organisation de séances de discussion ouverte virtuelles et de webinaires et le fait de disposer d’un soutien administratif pour les réunions et les activités liées aux initiatives.

Le Centre de l’ICRTSP est reconnu pour avoir encouragé l’efficacité de la recherche en favorisant une meilleure harmonisation de la recherche avec les besoins des agents de la sécurité publique de première ligne, en appuyant la coordination des équipes de recherche ayant des intérêts et une expertise pertinents communs dans les domaines de recherche prioritaires (p. ex. par l’entremise du formulaire de projet de recherche) et en encourageant des approches de recherche collaboratives (plutôt que concurrentielles).

En ce qui concerne le projet pilote de TCCI, les travaux préparatoires en vue de l’élaboration du contenu et de l’infrastructure ont donné lieu à des lancements efficaces dans les deux administrations initiales, ce qui signifie que la capacité nécessaire était disponible pour appuyer l’expansion dans trois provinces maritimes. L’approche adoptée pour l’expansion, soit tirer parti du financement fédéral utilisé pour l’élaboration de l’infrastructure et du contenu du projet pilote et utiliser des fonds provinciaux et privés pour financer la prestation de services, sert de modèle pour l’expansion potentielle du projet pilote dans d’autres administrations.

De plus, offrir les cours en ligne est plus rentable qu’une approche en personne, particulièrement pour les agents de la sécurité publique dans les régions rurales, et permet aux agents de la sécurité publique d’avoir accès aux services plus rapidement.

3.4.2 Défis

Constatation : Les initiatives font face à des défis qui pourraient avoir une incidence sur leur capacité d’élargir leurs activités de façon à ce qu’elles correspondent le mieux à leur portée prévue. De plus, les processus actuels en place pour mesurer le rendement pourraient être renforcés.

Un glissement du mandat ou de la portée de l’ICRTSP et du Centre de l’ICRTSP s’est produit de plusieurs façons. Par exemple, l’ICRTSP reçoit des demandes de confirmation ou de validation de différents programmes liés aux BSPT examinés par différentes organisations. Des organisations, comme celles qui représentent les infirmières et les infirmiers, ont également demandé à l’ICRTSP d’envisager d’élargir ses activités à d’autres secteurs de la sécurité publique.

La capacité bilingue a été un problème pour l’ICRTSP alors que celui-­ci a eu de la difficulté à s’assurer que tous les documents sont traduits dans les deux langues officielles et à offrir des présentations en personne ou virtuelles en français.

L’ICRTSP requiert de plus amples ressources humaines pour travailler efficacement, en particulier du personnel administratif (ou un accès aux ressources administratives de l’Université de Regina), ainsi qu’une plus grande équipe responsable des communications pour appuyer l’expansion dans d’autres secteurs de la sécurité publique et répondre aux demandes de documents plus accessibles (langage simple, différents formats).

Il demeure nécessaire de mieux faire connaître le Centre de l’ICRTSP ainsi que le projet pilote de TCCI. Une plus grande participation et utilisation permettront d’obtenir le maximum d’avantages des initiatives.

Mesure du rendement : Les initiatives n’ont pas de modèle logique ou de cadre de mesure du rendement. Par conséquent, les documents de rapports de l’ICRTSP mettent l’accent sur les extrants, qui sont présentés comme des résultats. Les initiatives bénéficieraient de l’élaboration de ces outils, ce qui aiderait à cerner les activités, les extrants, les résultats et les indicateurs de réussite, mais aussi à simplifier la production de rapports et la planification stratégique.

Bien que des rapports réguliers et détaillés soient fournis à SP, le contenu et les styles ne sont pas uniformes, ce qui complique l’illustration des progrès au fil du temps.

Rentabilité : À l’heure actuelle, il y a un manque d’information permettant de déterminer tous les coûts et avantages connexes afin de comprendre la véritable rentabilité du projet pilote de TCCI. Il s’agit d’une tâche difficile, car l’obtention de ces données afin de déterminer la rentabilité de la TCCI par utilisateur nécessite du temps pour acquérir et analyser l’information du personnel de la sécurité publique concernant le nombre de jours de congé en raison de problèmes de santé mentale et de l’utilisation des soins de santé. Une grande partie de cette information est autodéclarée, n’est pas encore disponible et n’est pas liée à d’autres sources de données afin de préserver la confidentialité des patients, ce qui rend l’analyse difficile. Bien que ces renseignements ne devaient pas nécessairement être recueillis dans le cadre du projet pilote, les intervenants ont indiqué que ceux­-ci représentaient un facteur d’efficacité intéressant.

4. Conclusions

Les BSPT constituent un problème grave pour la communauté de la sécurité publique, et il existe un besoin continu pour le type de programmes et de recherches offerts par les initiatives. La recherche liée aux BSPT chez les agents de la sécurité publique, p. ex. au sujet de la prévalence, des répercussions et des traitements qui sont efficaces, en est à ses premières étapes et de nombreuses lacunes dans les connaissances restent à combler. L’ICRTSP répond à un besoin en offrant un centre national de recherche qui met l’accent sur la santé mentale des agents de la sécurité publique. De plus, bien qu’il existe de nombreux programmes offerts aux agents de la sécurité publique portant sur les problèmes de santé mentale, le projet pilote de TCCI possède un ensemble unique d’attributs, notamment le fait d’être conçu pour les agents de la sécurité publique, d’offrir des services de cliniciens qui se spécialisent dans le traitement des traumatismes dans le contexte de la sécurité publique, d’être confidentiel et d’être libre d’accès.

Les initiatives ont été en grande partie mises en œuvre comme prévu, malgré quelques difficultés initiales. On pourrait faire davantage pour maximiser le potentiel de chaque initiative en les faisant mieux connaître et en élargissant leur portée au sein des communautés de la sécurité publique et de la recherche.

Des progrès ont été réalisés en vue de l’atteinte de plusieurs des résultats des initiatives. Plus précisément, le Centre de l’ICRTSP est de plus en plus reconnu comme un centre de recherche sur la santé mentale des agents de la sécurité publique et a fait des progrès pour faciliter l’application et la mobilisation des connaissances, bien que les produits de connaissance pourraient être plus accessibles pour la communauté de la sécurité publique en ce qui a trait au contenu et à la diffusion. Les premiers résultats du projet pilote de TCCI indiquent qu’il est efficace pour aider les agents de la sécurité publique qui subissent les effets d’un traumatisme, et l’on souhaite qu’il soit offert dans d’autres administrations. Enfin, la nature des initiatives signifie qu’il existe de nombreuses possibilités d’intégrer l’ACS Plus, et l’évaluation a permis de constater que cela pourrait être fait dans une plus grande mesure et mieux documenté.

Les ressources des initiatives ont été largement utilisées de façon efficace et efficiente, même si des améliorations sont possibles. Les processus actuels de mesure du rendement pourraient être renforcés afin de permettre une évaluation plus complète des progrès.

5. Recommandations

Le sous­-ministre adjoint, Secteur de la gestion des urgences et des programmes, devrait, dans le cadre du financement renouvelé ou continu :

  1. Explorer des méthodes pour soutenir la durabilité et l’expansion du projet pilote de TCCI en assurant la collaboration et la coordination avec les provinces, les territoires et les organismes concernés.
  2. Veiller à ce que les ressources fournies à l’ICRTSP soient suffisantes pour la communication et la diffusion des produits de connaissances et envisager de collaborer avec des partenaires fédéraux (p. ex. Statistique Canada) à l’appui de l’élaboration d’une base nationale d’information.
  3. Revoir et réviser l’approche actuelle en matière de mesure du rendement, y compris l’élaboration d’un modèle logique, d’un cadre de mesure du rendement et d’une approche qui intègre mieux l’ACS Plus.

6. Plan d’action de la gestion

Plan d’action de la gestion
Recommandation Action prévue Date d’achèvement prévue
Explorer des méthodes pour soutenir la durabilité et l’expansion du projet pilote de thérapie cognitive comportementale sur Internet (TCCI) en assurant la collaboration et la coordination avec les
provinces, les territoires et les organismes concernés.

Examiner des options pour le renouvellement éventuel du financement de l’Institut canadien de recherche et de traitement en sécurité publique (ICRTSP) en travaillant avec d’autres ministères et les provinces et territoires afin d’étendre la portée du projet pilote de TCCI.

Mobiliser des intervenants sur la durabilité du projet pilote de TCCI et son expansion éventuelle en tenant des consultations sur un plan d’action renouvelé.

Utiliser les forums fédéral, provincial et territorial pour faire connaître le projet pilote et encourager les provinces et les territoires à financer des projets pilotes sur leur propre territoire.

mars 2025
Veiller à ce que les ressources fournies à l’ICRTSP soient suffisantes pour la communication et la diffusion des produits de connaissances et envisager de collaborer avec des partenaires fédéraux (p. ex. Statistique Canada) à l’appui de l’élaboration d’une base nationale d’information.

Travailler à obtenir un financement de renouvellement pour 2 ans aux niveaux de financement actuels.

Travailler avec l’ICRTSP, le Comité directeur sur la sécurité publique et StatCan pour examiner l’étude sur la prévalence de 2017 afin de cerner les lacunes et d’élaborer une base de référence nationale.

mars 2024
Revoir et réviser l’approche actuelle en matière de mesure du rendement, y compris l’élaboration d’un modèle logique, d’un cadre de mesure du rendement et d’une approche qui intègre mieux l’ACS Plus.

Élaborer un modèle logique et un cadre de mesure du rendement pour le renouvellement du financement pour 2 ans.

Élaborer un modèle logique et un cadre de mesure du rendement, en intégrant l’ACS Plus afin d’obtenir des fonds supplémentaires après 2025.
mars 2025

Annexe A – Autres programmes disponibles

Annexe A – Autres programmes disponibles
Programme Fondé sur des données probantes Adapté aux agents de la sécurité publique Accessible à de multiples secteurs Accent sur les BSPT Soutien offert par un clinicien Service offert en ligne Gratuit au point d’utilisation
Projet pilote de TCCI (PSPNET) Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
En route vers la préparation mentale (RVPM)
(Commission de la santé mentale du Canada)
Non Oui Police seulement Non Non Non S.O.
(Wounded Warriors Canada) Non Non Oui Oui certains programmes Oui
certains programmes
Oui
certains programmes
Oui
Aide aux premiers intervenants
(Ontario Shores Centre for Mental Health Sciences et Wounded Warriors)
Oui
offre également la TCCI
Oui Oui Oui Oui Oui S.O.
Programme de réinsertion à la suite d’incidents critiques
(Service de police d’Edmonton)
Oui Oui Police seulement Oui Oui Non Oui
Date de modification :