Résumé de la mobilisation fédérale de 2022 à l'égard d'une loi sur les services de police des Premières Nations
Rapport sur ce que nous avons entendu

Résumé de la mobilisation fédérale de 2022 à l'égard d'une loi sur les services de police des Premières Nations Rapport sur ce que nous avons entenduRésumé de la mobilisation fédérale de 2022 à l'égard d'une loi sur les services de police des Premières Nations Rapport sur ce que nous avons entendu PDF Version (385 ko)

Contexte

Les services de police des Premières Nations au Canada reçoivent tous un soutien financier dans le cadre du Programme des services de police des Premières Nations et des Inuit (PSPPNI), un programme discrétionnaire de contributions créé en 1991 qui offre un financement fédéral à l'appui de services de police professionnels, dévoués et adaptés à la culture aux communautés inuites et des Premières Nations admissibles. Les coûts admissibles dans le cadre du PSPPNI sont partagés avec les provinces et les territoires selon un ratio de partage des coûts de 52 % pour le gouvernement fédéral et de 48 % pour les provinces et les territoires. Depuis de nombreuses années, les services de police des Premières Nations font face à d'importants défis et à des obstacles financiers pour être en mesure d'offrir des services de police adéquats et adaptés à la culture, en partie en raison des limites du PSPPNI.

Par conséquent, les Premières Nations réclament depuis longtemps une réforme de la façon dont les services de police des Premières Nations sont financés, et ont préconisé l'élaboration d'une loi fédérale qui reconnaît les services de police des Premières Nations comme un service essentiel. Ces appels à la réforme ont été renforcés avec la publication du rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, qui comprenait l'appel à la justice 5.4 pour réformer la prestation des services de police dans les communautés autochtones.

Le budget de 2021 prévoyait 43,7 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2021-2022, pour élaborer conjointement un cadre législatif qui reconnaît les services de police des Premières Nations comme un service essentiel. La Voie fédérale concernant les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones disparues et assassinées a réitéré l'engagement à élaborer conjointement un cadre législatif. Dans sa lettre de mandat de décembre 2021, le ministre de la Sécurité publique a été chargé de « continuer à travailler avec les partenaires des Premières Nations afin d'élaborer conjointement un cadre législatif pour les services de police des Premières Nations » avec l'appui du ministre des Services aux Autochtones et du ministre des Relations Couronne-Autochtones.

Le 21 mars 2022, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, avec l'appui de la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, et du ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, Marc Miller, a lancé le processus de mobilisation du gouvernement du Canada pour aider à éclairer l'élaboration d'une loi fédérale sur les services de police des Premières Nations.

Le présent rapport fournit un résumé de l'approche de mobilisation, des enjeux et des considérations soulevés tout au long de la mobilisation et des prochaines étapes du processus. Nous vous invitons à nous faire part de vos commentaires sur ce rapport, y compris de tout renseignement que nous pourrions avoir oublié ou de tout autre commentaire que vous pourriez souhaiter formuler, à l'adresse électronique suivante : indigenouspolicing-policeautochtones@ps-sp.gc.ca.

Remerciements

Nous tenons à remercier les aînés Dan Smoke, Mary Lou Smoke et Paul Arthur McKenzie pour leurs grands dons et talents qui ont contribué au processus de mobilisation. Leur sagesse et leur connaissance des valeurs, des récits et de l'histoire des Premières Nations ont contribué à façonner les discussions et à mettre en lumière les enjeux qui ont été partagés par les participants lors des séances de mobilisation virtuelles.

Approche

En décembre 2021, Sécurité publique Canada et Services aux Autochtones Canada ont tenu trois séances de mobilisation préalable avec un petit nombre de représentants des Premières Nations, des services de police des Premières Nations, des provinces et des territoires et d'autres organisations afin de recueillir des points de vue sur la façon de mobiliser afin d'éclairer une loi fédérale sur les services de police des Premières Nations, ainsi que sur les thèmes et les questions possibles à aborder lors de la mobilisation. Les participants ont indiqué que les discussions devraient porter sur l'élaboration d'une loi fédérale et non pas sur les préoccupations au sujet du Programme des services de police des Premières Nations et des Inuit (PSPPNI), qui ont été soulevées au cours de la mobilisation de 2016 sur le PSPPNI . Nous avons également entendu les participants dire qu'ils voulaient avoir des conversations fructueuses sur le rôle des Premières Nations, du Canada et des provinces et territoires dans le soutien aux services de police des Premières Nations. Ces points de vue ont façonné les trois thèmes suivants, ainsi que l'élaboration de renseignements contextuels destinés à éclairer les discussions :

  1. Services de police des Premières Nations en tant que services essentiels
  2. Rôles des Premières Nations, des provinces, des territoires et du gouvernement fédéral dans le soutien aux services de police des Premières Nations
  3. Financement des services de police des Premières Nations

Avant la séance de mobilisation, les participants ont reçu des renseignements généraux pertinents et des questions clés pour orienter les discussions en fonction des thèmes ci-dessus.

Processus de mobilisation

En se fondant sur ce que nous avons entendu au cours des séances de mobilisation préalable, Sécurité publique Canada a lancé un processus de mobilisation pour éclairer l'élaboration conjointe de la loi sur les services de police des Premières Nations en mars 2022. Le processus de mobilisation comprenait 13 séances de mobilisation virtuelles animées par des professionnels, une plateforme en ligne et une adresse courriel générique pour recevoir des commentaires ou des observations par écrit.

Sécurité publique Canada a envoyé des invitations à participer au processus de mobilisation à plus de 1 200 représentants le 28 février 2022. Les représentants invités à participer au processus de mobilisation provenaient des Premières Nations, des organisations des Premières Nations, des services de police des Premières Nations, des commissions de police des Premières Nations, des organisations de femmes des Premières Nations, des organisations de jeunes des Premières Nations, des personnes et organisations 2ELGBTQQIA+ des Premières Nations, des experts en la matière et autres. La participation variait d'un bout à l'autre du Canada, la majorité des participants venant de l'Ontario, du Québec et de la Colombie-Britannique, suivis de la Saskatchewan, du Manitoba, de l'Alberta, du Yukon, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador, des Territoires du Nord-Ouest et de l'Île-du-Prince-Édouard, respectivement. Il n'y avait aucun participant de la Nouvelle-Écosse ou du Nunavut. Voir l'annexe A pour les dates des séances et la répartition des participants.

Le ministre de la Sécurité publique a également envoyé des lettres à tous les signataires de traités modernes et d'ententes d'autonomie gouvernementale pour leur signaler le désir de collaborer de nation à nation et de gouvernement à gouvernement sur leurs priorités en matière de services de police. À l'aide de l'adresse de courriel générique, Sécurité publique Canada a également reçu des demandes des Premières Nations, des organisations des Premières Nations et des organisations des services de police des Premières Nations de rencontre pour discuter de leurs priorités en ce qui concerne la loi fédérale. Par conséquent, les représentants du gouvernement ont eu de nombreuses conversations bilatérales avec les Premières Nations et les organisations des Premières Nations au sujet de la loi fédérale. Étant donné que les discussions se poursuivent, ce rapport ne fait que refléter ce qui a été dit jusqu'à présent.

Nous tenons également à souligner que, tout au long de ce processus, Sécurité publique Canada a tenu informés l'Assemblée des Premières Nations, les provinces et les territoires, l'Association des chefs de police des Premières Nations et le Conseil de gouvernance des services de police des Premières Nations sur les progrès réalisés. Les points entendus dans le cadre de ce processus de mobilisation orienteront notre travail de collaboration avec ces organismes à l'avenir.

Ce que nous avons entendu

Nous remercions tous les participants de leur apport généreux. Bien que certains commentaires aient été uniformes dans l'ensemble des Premières Nations, d'autres étaient propres à une communauté ou à une région. Les participants à la séance de mobilisation ont soulevé de nombreuses préoccupations quant à la façon dont les services de police bénéficient d'un soutien dans les Premières Nations aujourd'hui et ont présenté des idées sur la façon dont la loi fédérale pourrait régler ces problèmes. Voici un résumé des commentaires les plus souvent entendus.

Bien que certains participants aient manifesté des préoccupations quant au temps qu'il a fallu pour faire progresser une loi sur les services de police des Premières Nations, d'autres participants ont souligné qu'il faut trouver un équilibre entre la nécessité de procéder rapidement et la nécessité de veiller à ce que les Premières Nations soient adéquatement mobilisées et à ce qu'une loi fédérale réponde de façon significative aux besoins des services de police des Premières Nations et des Premières Nations.

L'état actuel des services de police des Premières Nations

« Le PSPPNI fait en sorte que nos agents qui travaillent tous les jours sont épuisés… c'est comme conduire une voiture sans freins, sans freins à air comprimé ou sans clignotants. Il est temps de retourner la voiture. »

Les participants ont souligné la nécessité pour les fonctionnaires fédéraux de comprendre les répercussions de l'utilisation d'un programme pour financer les services de police des Premières Nations. Les participants étaient unanimes à dire qu'il était inapproprié pour le Canada de recourir à un programme discrétionnaire pour financer un service essentiel tel que les services de police. Les participants ont fait valoir que les fonds dans le budget global du programme ne sont pas suffisants pour appuyer adéquatement chaque service de police des Premières Nations dans son travail et pour répondre aux attentes des communautés desservies. À titre d'exemple, des représentants des services de police des Premières Nations ont souligné qu'ils n'ont pas un nombre suffisant d'agents pour fournir des services de police 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et il y a eu plusieurs cas où des agents de police ont répondu seuls aux incidents.

Les participants ont également fait remarquer que l'incertitude entourant le financement du programme mène à un accord de contribution à court terme qui nuit à la planification à long terme et contribue à l'instabilité organisationnelle. À titre d'exemple, des représentants des services de police des Premières Nations ont fait valoir que les incertitudes liées au financement rendent difficile le recrutement et le maintien en poste d'agents désirant faire carrière à long terme dans les services de police.

Bien que le manque de financement soit la plainte la plus fréquente au sujet du programme, les participants ont fait remarquer que les modalités du programme (qui régissent les dépenses admissibles au financement du programme) ne permettent pas de fournir du financement pour toutes les opérations des services de police (comme les services de police spécialisés). Les participants ont également fait remarquer que les dirigeants des Premières Nations et des services de police des Premières Nations exercent souvent une influence limitée sur le financement alloué par le Canada et la province concernée. Par conséquent, les participants ont fait valoir que les budgets des services de police des Premières Nations sont principalement dictés par le financement disponible et non par les besoins des services de police des Premières Nations et des communautés desservies.

Malgré les limites du PSPPNI, de nombreux participants ont souligné l'importance de leur service de police des Premières Nations pour la sécurité et le bien-être communautaires. Les participants ont reconnu le défi que les services de police des Premières Nations doivent relever pour offrir des services de police adaptés à la culture, souvent dans plusieurs communautés réparties sur de vastes territoires. Il a également été souligné que, dans de nombreuses communautés, la police est souvent appelée à relever d'importants défis en matière de sécurité et de bien-être, qu'il s'agisse d'affaires criminelles comme le crime organisé ou d'enjeux sociaux comme la toxicomanie ou le suicide. Les participants ont souligné que, compte tenu de cette complexité, le PSPPNI est inadéquat pour appuyer les services de police des Premières Nations et qu'il est nécessaire de se doter d'une loi fédérale reconnaissant les services de police des Premières Nations comme des services essentiels.

Service essentiel

« J'ai travaillé seul pendant 40 nuits; avec l'aide d'un financement adéquat, nous pouvions fournir des services essentiels… avec seulement quelques personnes pour faire un travail, nous finissons par travailler seuls. Si nous étions un service essentiel, ce ne serait pas un problème. »

Sécurité publique Canada a demandé aux participants quelles caractéristiques, compétences et capacités un service de police des Premières Nations aurait s'il était reconnu comme un service essentiel. Des participants nous ont dit que le service essentiel signifie ce qui suit :

Financement

« Nous recevons la même formation dans les mêmes établissements que tous les autres services de police au Canada. Pourtant, notre financement est très différent. »

Les participants ont convenu que les services de police des Premières Nations doivent être financés à un niveau qui reconnaît qu'ils constituent un service essentiel. Les participants ont souligné que le financement pour appuyer les services de police des Premières Nations doit :

Définition des rôles et promotion des relations respectueuses

« J'espère que la majorité des décideurs sont des membres des Premières Nations. Je ne voudrais surtout pas que nous ayons ces discussions, et qu'ensuite quelqu'un de l'extérieur des Premières Nations prenne la décision. »

De nombreux participants voient les services de police des Premières Nations et leur influence sur les priorités des services de police comme une expression de l'autodétermination et de l'autonomie gouvernementale. Les participants ont souligné la nécessité de définir les rôles et les responsabilités des Premières Nations, des provinces, des territoires et du Canada dans la prise de décisions concernant les services de police des Premières Nations. On favorisera ainsi l'établissement de relations saines et respectueuses entre les gouvernements. Pour atteindre ces objectifs, les participants ont suggéré que la loi :

Autres considérations

Un certain nombre de questions de justice plus générales ont été soulevées, comme les modèles traditionnels de justice, la justice réparatrice, les approches holistiques de la sécurité et du bien-être communautaires et les emplois non policiers qui appuient la sécurité communautaire, comme les travailleurs sociaux, les travailleurs en situation de crise, les agents de sécurité communautaire et les gardiens de la paix. On a fait remarquer que les services de police ne sont qu'une partie du système de justice, qui comprend également les services de poursuite, le système judiciaire et le système correctionnel, et que l'on devrait faire progresser les processus afin d'appuyer également les priorités des Premières Nations dans ces domaines.

Les participants ont souligné que ce ne sont pas toutes les Premières Nations qui voudront un service de police des Premières Nations et que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) continuera d'être le service de police local pour de nombreuses Premières Nations dans un avenir prévisible. Par conséquent, les participants ont fait valoir que la GRC doit apporter des changements à ses politiques et pratiques policières afin de répondre aux besoins des Premières Nations qu'elle sert en matière de services de police et de sécurité communautaire, notamment en améliorant l'application des lois et des règlements des Premières Nations. Les participants ont également fait remarquer que Sécurité publique Canada doit améliorer la négociation et la mise en œuvre des Ententes communautaires tripartites (ECT) du PSPPNI, dans le cadre de laquelle un groupe dévoué d'agents de la GRC fournit des services de police à une communauté inuite ou des Premières Nations.

Conclusion

Le résumé des commentaires dans le présent document comprend un large éventail de points de vue et de positions qui seront pris en compte dans l'élaboration conjointe de la loi sur les services de police des Premières Nations. Les participants ont indiqué que cette loi sera essentiel pour soutenir adéquatement les services de police des Premières Nations, appuyer le bien-être et la santé mentale des agents, ainsi que promouvoir la sécurité dans les communautés des Premières Nations. Les participants ont clairement indiqué qu'il était urgent de faire progresser cette loi et qu'ils étaient impatients de voir les progrès réalisés.

La validation de ce rapport est une étape importante du processus. Si vous avez des commentaires sur ce rapport « sur ce que nous avons entendu », ou sur tout autre point de vue qui n'a pas été saisi, ou qui pourrait avoir été mal présenté, veuillez envoyer vos commentaires à l'adresse courriel suivante : indigenouspolicing-policeautochtones@ps-sp.gc.ca.

Le gouvernement du Canada poursuivra le dialogue et la collaboration avec les Premières Nations autonomes et signataires de traités modernes, les Premières Nations, l'Assemblée des Premières Nations, l'Association des chefs de police des Premières Nations, les provinces et les territoires du Conseil de gouvernance des services de police des Premières Nations et des experts en la matière pour faire progresser ce travail important.

Annexe A : Aperçu de la mobilisation

Objectif

Le gouvernement du Canada mobilise les Premières Nations, les provinces et les territoires, les organisations des Premières Nations, les services de police des Premières Nations, les conseils et les commissions de police des Premières Nations, les organisations de femmes des Premières Nations, les organisations de jeunes des Premières Nations, les personnes et les organisations des Premières Nations 2ELGBTQQIA+, les experts en la matière et d'autres pour soutenir l'élaboration conjointe de la loi fédérale sur les services de police des Premières Nations.

Occasions de mobilisation

Le gouvernement du Canada a prévu une approche à trois volets pour cette mobilisation :

  1. Plateforme de mobilisation en ligne
  2. Commentaires et observations par écrit au moyen d'une adresse courriel des services de police autochtones
  3. Séances de mobilisation virtuelles (détails ci-dessous)

Séances de mobilisation virtuelles

Le gouvernement du Canada a tenu treize séances de mobilisation du 21 mars 2022 au 16 mai 2022. Vous trouverez ci-dessous les thèmes et les dates des séances. Vous trouverez également une ventilation de la participation par province et territoire.

Pourcentage de participants aux séances de mobilisation par province/territoire

Pourcentage de participants aux séances de mobilisation par province/territoire

Description de l'image

Le graphique à barres du pourcentage de participants aux séances de mobilisation par province et territoire montre le niveau de représentation par province et territoire pour les treize séances de mobilisation. Le pourcentage est le suivant : Ontario : 22,2 %, Québec : 18,3 %, Colombie-Britannique : 17,9 %, Saskatchewan : 11,9 %, Manitoba : 9,5 %, Alberta : 7,1 %, Yukon : 6,3 %, Nouveau-Brunswick : 2,8 %, Terre-Neuve-et-Labrador : 1,6 %, Île-du-Prince-Édouard : 1,2 % et Territoires du Nord-Ouest : 1,2 %.

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