Forces et besoins dans la réadaptation des délinquants

Forces et besoins dans la réadaptation des délinquants Version PDF (231Mo)

Recherche en bref
Vol. 16 No. 5
Septembre 2011

Question

Quel est le rôle des forces et des besoins humains fondamentaux dans la réadaptation des délinquants?

Contexte

Les discussions portant sur la réadaptation des délinquants sont souvent centrées sur les facteurs de risque de comportement criminel chez les délinquants. L'un des principaux modèles d'évaluation et de traitement souligne l'importance de déterminer le niveau de risque du délinquant et les facteurs criminogènes, puis d'ajuster l'intensité des services au niveau de risque et de s'assurer que ces services ciblent les facteurs criminogènes. Il s'agit du modèle fondé sur les principes du risque, des besoins et de la réceptivité (RBR) (voir le volume 12, numéro 6 de Recherche en bref, 2007).

On a récemment accusé le modèle RBR de trop se centrer sur les facteurs de risque, au détriment des besoins humains fondamentaux des délinquants qui ne sont pas comblés, ce qui les empêche de s'épanouir pleinement. Les critiques ont affirmé que les objectifs du système correctionnel sont grandement orientés vers la réduction des facteurs de risque et qu'ils ne s'intéressent pas assez à une approche de réadaptation positive et fondée sur les forces.

Réponse

L'énoncé original du modèle RBR était centré sur trois principes. Le principe du risque décrivait qui était le plus susceptible de bénéficier d'un traitement (les délinquants à risque moyen ou élevé). Le principe des besoins s'intéressait à ce qui devait être traité (les facteurs criminogènes) et le principe de la réceptivité indiquait le traitement à choisir (p. ex. utiliser des techniques cognitivo‑comportementales).

Depuis la formulation du modèle RNR en 1990, de nouvelles études sur la réadaptation des délinquants ont mené à l'ajout de bien d'autres principes au modèle. Même si les trois principes de départ constituent toujours le noyau du modèle, leur clarification et de nouveaux principes viennent maintenant réfuter bon nombre des critiques.

Une lacune soulevée est que le modèle RBR ne tient pas compte de l'envie de satisfaire des besoins humains aussi fondamentaux que la compétence et l'autonomie. Toutefois, une sous-composante du principe de la réceptivité, qu'on nomme « réceptivité spécifique », met l'accent sur l'importance de la motivation et propose des manières d'augmenter la motivation des délinquants à participer aux programmes de traitement. Il s'agit d'un élément important, car les délinquants à risque élevé sont particulièrement difficiles à motiver, peu importe l'objectif du traitement.

L'un des plus nouveaux principes du modèle RBR est l'évaluation des forces des personnes et leur intégration dans les interventions. En fondant un traitement sur les forces prosociales d'une personne, on peut augmenter sa motivation et sa participation au traitement, ce qui entraîne une diminution du risque. Le modèle RBR n'est pas seulement centré sur le risque. Il adopte aussi une approche axée sur les forces pour aider les délinquants.

Les facteurs criminogènes sont ceux qui sont liés au comportement criminel (p. ex. la toxicomanie et le chômage) alors que les facteurs non criminogènes ne le sont que faiblement. Par exemple, la faible estime de soi et la tristesse ne sont pas liées au comportement criminel. Le modèle RBR n'ignore pas ces facteurs, mais rappelle qu'il s'agit du traitement des facteurs criminogènes qui s'est avéré efficace pour réduire le taux de récidive. Il devient important de s'intéresser aux facteurs non criminogènes quand ils empêchent de cibler les facteurs criminogènes (p. ex. un délinquant est si déprimé que cela compromet sa motivation à participer au traitement des facteurs criminogènes).

Incidences sur les politiques

  1. Pour l'élaboration de programmes et de politiques, il importe de consulter le modèle RBR élargi, pas seulement les trois principes dérivés de la version de 1990.  
  2. L'évaluation des délinquants en vue d'un traitement devrait comprendre l'évaluation des forces et des motivations. Les thérapeutes peuvent ainsi utiliser les forces du délinquant dans leurs efforts pour diminuer l'attrition et le risque.
  3. Les désirs et les besoins humains fondamentaux sont importants dans la réussite du traitement et la participation des délinquants. Un des nouveaux principes du modèle RBR est le respect de la personne. Il ne faut cependant pas perdre les facteurs criminogènes de vue. C'est en diminuant ces facteurs qu'on aide les délinquants à adopter des comportements davantage prosociaux.   

Source

Pour de plus amples renseignements

James Bonta, Ph.D.
Recherche correctionnelle
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