Projets du programme Stop Now And Plan (SNAPMD)

Question de recherche
Numéro 9 – Janvier 2013

Question :

Qu'avons‑nous appris au sujet de la mise en œuvre du programme Stop Now And Plan (SNAPMD) à l'échelle du Canada?

Contexte :

Le Centre national de prévention du crime (CNPC) évalue la mesure dans laquelle le programme SNAPMD vient en aide aux enfants qui sont aux prises avec des problèmes comportementaux, notamment l'intimidation, l'agressivité, la violation des règles et le trouble des conduites. Les données pour deux (Toronto et Edmonton) des trois projets évalués sont fournies dans le présent document. Ces projets sont exécutés dans des milieux urbains et ruraux, auprès d'Autochtones et non-Autochtones, ce qui permet de déterminer si le programme pourrait être mis en œuvre auprès de différents groupes cibles dans diverses régions.

Le programme SNAPMD cible les garçons et les filles âgés de six à douze ans qui ont déjà eu des démêlés avec la police et qui sont les plus susceptibles d'adopter des comportements agressifs et délinquants. Le programme comprend deux principales composantes. La première composante, le SNAPMD Boy's Group ou le SNAPMD Girl's Club, est un programme d'une durée de douze semaines adapté au sexe de l'enfant qui montre aux jeunes comment maîtriser leurs impulsions et leur permet d'acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes (il a recours à la thérapie cognitive pour enseigner aux enfants à claquer des doigts avant d'agir sur un coup de tête). La deuxième composante inclut une séance de groupe qui vise à enseigner aux parents comment interagir avec leurs enfants. Le programme comporte aussi d'autres activités, notamment le counseling et l'encadrement individualisés, le counseling familial, l'encadrement scolaire, le leadership chez les jeunes et une composante adaptée au sexe de l'enfant visant la saine croissance des filles (Girls Growing Up Healthy).

Méthode :

L'évaluation des sites de Toronto et d'Edmonton faisait appel à des questionnaires normalisés pour comparer les participants au programme SNAPMD avec les enfants n'ayant pas suivi le programme. Ce type d'évaluation devait permettre de déterminer si les changements potentiels dans les comportements des enfants étaient liés aux services offerts dans le cadre du programme. Les questionnaires ont servi à recueillir des données avant et après la séance de douze semaines suivie par les participants.

Les évaluateurs ont aussi employé une deuxième méthode qui mesurait les changements à long terme chez les participants du programme SNAPMD jusqu'à douze mois après avoir suivi le programme. Toutefois, en raison des données limitées, cette analyse n'a pas permis de comparer les participants aux enfants n'ayant pas suivi le programme.

Les intervenants du projet ont recueilli des données auprès d'un total de 125 participants afin de déterminer si le programme SNAPMD entraînait des changements positifs dans les comportements suivants : violation des règles, agressivité, troubles des conduites, trouble de l'attention, anxiété, dépression et comportements prosociaux.

Résultats :

Les résultats pour les échelles remplies par les parents indiquent qu'à la fin du programme SNAPMD, les comportements d'extériorisation des enfants avaient diminué dans presque toutes les échelles. Plus précisément, jusqu'à douze mois après avoir participé au programme, les jeunes manifestaient des changements positifs dans leurs comportements d'extériorisation. Ces comportements sont des problèmes qui reflètent les réactions négatives d'un enfant à l'égard de son environnement. Les participants ont manifesté des changements positifs dans les comportements d'extériorisation suivants : violation des règles, trouble de l'attention et agressivité.

En outre, les résultats indiquent que jusqu'à douze mois après avoir participé au programme, les jeunes avaient manifesté des réductions positives de leurs comportements d'intériorisation. Ces comportements sont des gestes que les enfants posent pour se faire du mal. Les participants ont manifesté des changements positifs dans les comportements d'intériorisation suivants : anxiété, retrait et troubles somatiques.

Les résultats pour les échelles remplies par les enseignants indiquent que les comportements d'intériorisation (notamment le trouble de l'attention et le retrait) avaient connu des réductions positives jusqu'à douze mois après la fin du programme. Toutefois, les enseignants n'ont pas constaté de réductions dans la violation des règles, l'agressivité, l'anxiété et les troubles somatiques chez les jeunes après leur participation au programme SNAPMD.

Selon des résultats préliminaires comparant les participants au programme SNAPMD avec un groupe d'enfants semblable n'ayant pas suivi le programme, les participants étaient capables de fonctionner plus efficacement en ce qui concerne la participation à des activités communautaires, les habiletés sociales et le rendement scolaire.

Par ailleurs, l'équipe d'évaluation souhaitait déterminer si les enfants à risque élevé recevaient plus de services que les enfants présentant un risque relativement faible. Les résultats laissent entendre que les enfants à risque élevé étaient plus susceptibles de recevoir des services additionnels dans deux domaines : 1) le soutien individualisé (c.-à-d. le jumelage du participant avec d'autres enfants afin d'accroître ses compétences prosociales) ; 2) le counseling parental additionnel. Des résultats positifs ont été observés dans ces domaines parce que plus les enfants ont des problèmes de comportement, plus ils ont besoin de services.

Répercussions :

Les résultats de la recherche laissent entendre qu'à la lumière des réductions dans les comportements d'extériorisation et d'intériorisation, les jeunes qui participent au programme SNAPMD sont moins susceptibles d'avoir des démêlés ultérieurs avec la police et le système de justice pénale.

La présente étude montre que divers facteurs contribuent à la capacité du programme SNAPMD d'entraîner des changements dans la violation des règles, l'agressivité, le trouble des conduites, le trouble de l'attention, l'anxiété, la dépression et les comportements prosociaux. Selon les concepteurs du programme (au Child Development Institute), il serait possible d'obtenir de meilleurs résultats si les futurs projets étaient mis en œuvre dans des milieux, comme une clinique, où des spécialistes sont formés pour diagnostiquer et soigner les problèmes de comportement des enfants et interpréter les changements dans ces comportements. Or, les projets du CNPC ne sont pas exécutés dans des cliniques qui offrent le soutien d'un superviseur clinique, lequel offrirait les avantages suivants :

Dans le cas des projets du programme SNAPMD qui ne sont pas mis en œuvre avec les spécialistes recommandés dans une clinique, il faudrait donner une formation améliorée aux intervenants afin d'accroître la probabilité d'entraîner les changements de comportements attendus qui sont typiques pour le programme SNAPMD.

La réalisation de la présente étude de recherche vient souligner l'importance de l'expérience antérieure du bénéficiaire du projet pour ce qui est de mettre en œuvre une intervention semblable au programme SNAPMD. Tous les intervenants des projets financés par le CNPC avaient une expérience professionnelle antérieure du travail auprès de familles ou de jeunes, mais n'avaient jamais appliqué le modèle SNAPMD en particulier. La documentation indique qu'il faut environ deux à quatre ans pour mettre en œuvre efficacement un programme qui entraîne les changements escomptés chez les participants, mais les intervenants des projets du CNPC disposaient d'une période relativement courte de six mois pour apprendre à appliquer le modèle SNAPMD. Les intervenants des projets qui n'ont pas déjà mis en œuvre le programme devraient demander à l'avance des services de consultation et de formation additionnels au concepteur du programme.

La tendance habituelle dans la recherche du programme SNAPMD montre que les parents et les enseignants perçoivent différemment les changements dans les comportements d'extériorisation et d'intériorisation. En général, les parents perçoivent des changements plus positifs que les enseignants. Les chercheurs notent que les évaluations des enfants par les enseignants font habituellement état d'un changement attendu de comportement à l'étape de la collecte de données six mois après le programme, et non immédiatement après le programme. Une des explications possibles tient au fait que les enseignants ne sont peut-être pas aussi attentifs que les parents aux changements de comportement des enfants. Par ailleurs, les intervenants du CNPC ont fait remarquer que les enfants avaient souvent plus de deux enseignants au cours de la période du programme et qu'il était donc difficile d'assurer une continuité dans le processus d'évaluation. Les intervenants des projets devraient donc reporter la prise de décisions en fonction des résultats attribués par les enseignants jusqu'à six mois au moins après la fin du programme.

À la lumière de ce qui précède, les futurs projets faisant appel au programme SNAPMD devraient prendre en considération le contexte opérationnel du programme (c.-à-d. la dotation d'un superviseur clinique), l'expérience antérieure des intervenants du programme SNAPMD pour ce qui est de mettre en œuvre des programmes de santé mentale des enfants ayant une orientation cognitivo-comportementale ou s'appuyant sur un modèle fondé sur des connaissances, ainsi que la continuité des évaluations des enseignants.

Source :

Rapport d'évaluation d'impacts multi-sites provisoire du programme SNAPMD, Astwood Strategy Corporation, CNPC, Sécurité publique Canada; Sommaire d'évaluation du programme SNAPMD, CNPC, Donna Smith‑Moncrieffe.

Pour de plus amples renseignements :

Lucie Léonard
Centre national de prévention du crime
Sécurité publique Canada
269, avenue Laurier Ouest
Ottawa (Ontario)  K1A 0P8
Téléphone : 613-957-6362
Télécopieur : 613-941-9013
Courriel : Lucie.Leonard@ps-sp.gc.ca

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