Évaluations du risque chez les délinquants : Approches utilisées pour leur élaboration

Évaluations du risque chez les délinquants : Approches utilisées pour leur élaboration Version PDF (12Ko)

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Vol. 7 No. 2
Mars 2002

Question

Comment les chercheurs abordent-ils l'élaboration des échelles d'évaluation du risque chez les délinquants?

Contexte

Pour bien des raisons, il est important de faire des distinctions entre les délinquants selon le risque de récidive. Le plus important, c'est que la connaissance du degré de risque permet d'améliorer la sécurité publique en guidant les décisions en matière de contrôle et de surveillance. En outre, l'établissement de distinctions selon le risque facilite la prestation de services de thérapie à ceux qui en ont le plus besoin.

Il se fait des recherches sur les échelles de risque depuis la fin des années 20. Des démarches diverses ont été mises à l'essai, avec un degré de succès variable. Après 80 ans de recherche, quelques conclusions se sont dégagées qui peuvent guider les chercheurs dans l'élaboration de meilleures méthodes d'évaluation du risque et aider les services correctionnels à choisir les évaluations les plus utiles.

Méthode

Une recension des questions qui se posent en matière d'évaluation des délinquants a été effectuée, afin de déterminer les facteurs généraux qui doivent être pris en considération pour élaborer les échelles de risque à utiliser avec les délinquants.

Réponse

L'une des conclusions les plus constantes est que nous pouvons mieux prédire le comportement criminel lorsque nous faisons reposer nos prédictions sur des estimations du risque fondées sur des statistiques et des recherches. C'est l'approche qualifiée d'actuarielle. Par le passé, on avait tendance à préférer les évaluations professionnelles du risque comme celles des psychiatres et des psychologues. Il est maintenant clair que les évaluations cliniques ne sont pas aussi efficaces que les évaluations actuarielles pour prédire le comportement criminel.

Les échelles de risque actuarielles consistent en divers éléments qui sont quantifiés et additionnés les uns aux autres pour produire un score sommaire. Chaque élément peut recevoir une valeur de 1 (présence d'un facteur) ou de 0 (absence d'un facteur), et le score total est en relation avec la probabilité de récidive. Mais comment choisir ces éléments et combien faut-il en retenir dans l'échelle de risque?

Deux approches sont utilisées pour choisir les éléments. L'une reprend les facteurs de risque mis en évidence dans différentes études et les réunit pour constituer une échelle. Par des moyens statistiques, le nombre d'éléments est ensuite ramené au plus faible possible sans que soit compromise la validité globale de l'échelle. L'autre approche consiste à tirer les éléments d'une théorie du comportement criminel et à les contrôler d'après les résultats obtenus en matière de récidive.

Les deux approches ont leurs avantages et leurs inconvénients. La première donne d'habitude des échelles de risque simples comprenant surtout des éléments statiques et liés aux antécédents criminels. La deuxième, de nature théorique, donne un instrument d'application plus longue qui comprend une gamme de renseignements et de facteurs dynamiques (p. ex., problèmes familiaux, attitudes, difficultés en matière d'emploi). Si les deux approches donnent des prévisions d'une exactitude comparable, l'approche théorique a l'avantage supplémentaire de cerner les facteurs dynamiques de risque ou les besoins criminogènes des délinquants. Ces besoins indiquent les domaines où l'on peut réduire le risque et où la thérapie peut être efficace.

  1. Les services correctionnels qui utilisent toujours des évaluations cliniques subjectives du risque devraient tendre à adopter des évaluations actuarielles, qui permettent une meilleure prévision et une meilleure prestation des services.
  2. L'évolution de la théorie a atteint une maturité telle qu'elle peut vraiment contribuer à l'élaboration des échelles de risque. Une théorie du comportement criminel reposant sur des bases empiriques peut mener à l'élaboration d'approches d'évaluation qui répondent aux besoins du délinquant et favorisent sa réadaptation.
  3. Les échelles d'application rapide ont un rôle limité dans la gestion du risque des délinquants. Les échelles plus longues fondées sur une théorie, en plus de définir les besoins des délinquants en matière de programmes, favorisent par leur caractère exhaustif une approche juste et équitable envers les personnes ayant des démêlés avec la justice.

Source

Pour plus de renseignements

James Bonta, Ph.D.
Sécurité publique Canada
340, av. Laurier Ouest
Ottawa (Ontario)
K1A 0P8
Tél. : 613-991-2831
Téléc. : 613-990-8295
Courriel : Jim.bonta@ps-sp.gc.ca

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