Combiner les outils d'évaluation du risque

Combiner les outils d'évaluation du risque Version PDF (132Ko)

Recherche en bref
Vol. 17 No. 2
Mars 2012

Question

Comment devrait-on combiner les résultats de différents outils d'évaluation du risque présenté par les délinquants?

Contexte

: Une évaluation précise du risque est essentielle à la gestion efficace des délinquants dans le système de justice pénale. L'information sur les probabilités de récidive des délinquants est régulièrement utilisée dans les décisions relatives à l'imposition de la peine, à la surveillance communautaire, à la libération conditionnelle et à la planification du traitement.

Des dizaines d'outils d'évaluation du risque sont utilisés régulièrement au sein des systèmes correctionnels provinciaux et au sein du système fédéral. La recherche a montré que la précision de la plupart de ces outils est semblable (moyenne). La similarité de l'efficacité prédictive n'est pas surprenante, puisque ces mesures sont fondées sur des renseignements semblables (par ex. : la persistance des infractions criminelles) évalués à l'aide d'indicateurs comparables (par ex. : le nombre d'infractions antérieures).

Mais si les divers outils fournissent généralement des conclusions similaires, les responsables de l'évaluation et de la prise de décisions doivent parfois composer avec des conclusions différentes (par ex. : selon un outil, un délinquant présente un risque élevé, tandis que selon un autre, il présente un risque faible ou modéré).

L'interprétation des résultats divergents ne fait pas l'unanimité chez les professionnels : certains prônent l'adoption de l'évaluation la plus grave, d'autres de la moins grave, d'autres encore préfèrent une moyenne. Certains affirment même qu'il faut choisir le résultat du « meilleure » outil. Cependant, comme aucune mesure n'est clairement supérieure aux autres, choisir la meilleure mesure revient souvent à choisir sa préférée.

Il est donc nécessaire d'approfondir la recherche pour examiner dans quelle mesure l'information recueillie à l'aide de plus d'un outil modifie la précision des prédictions.

Méthode

Une méta-analyse a été réalisée sur les trois outils d'évaluation du risque les plus fréquemment utilisés relativement aux délinquants sexuels : l'ERRRS, la Statique 99R et la Statique 2002R. Chaque outil estime les risques de récidive sexuelle à l'aide des renseignements disponibles sur les antécédents criminels. L'ERRRS est axé sur les points particuliers aux crimes sexuels, tandis que la Statique 99R et la Statique 2002R comprennent aussi bien des points sur les crimes sexuels que sur la criminalité générale (par ex. : nombre de condamnations antérieures). L'étude comprend 20 échantillons, pour un total de  7 491 délinquants sexuels du Canada, des États‑Unis et de l'Europe occidentale.

Réponse

Même si les points utilisés par l'ERRRS, la Statique 99R et la Statique 2002R se ressemblent beaucoup, ils ajoutent réciproquement à leur validité prédictive quant au risque de récidive des délinquants, y compris les risques de récidive violente et sexuelle. Lorsque les estimations de récidive sexuelle de deux échelles étaient différentes, le taux de récidive observé était très près de la moyenne des deux estimations.

Les résultats étaient toutefois différents pour les taux de récidive violente et générale : pour ces conclusions, un score élevé pour la criminalité de nature sexuelle (ERRRS) était associé à un taux faible (plutôt qu'élevé) de récidive violente et générale. On peut tirer deux conclusions de ces résultats : a) les facteurs de risque relatifs à la récidive sexuelle et à la récidive générale sont différents et b) certains individus à risque élevé pour la récidive sexuelle sont moins à risque de commettre un crime à caractère non sexuel que le délinquant moyen (par. ex. : les professionnels ayant un intérêt sexuel pour des enfants).

Répercussions sur les politiques

  1. Sans recherche, il est difficile de prédire la meilleure façon de combiner les résultats de différents outils.
  2. L'utilisation de la moyenne est une option plausible lorsque différents outils évaluent les mêmes caractéristiques pertinentes au risque. Cette façon de faire peut toutefois réduire la précision des prédictions lorsque les caractéristiques mesurées ne sont pas les mêmes. Il est donc important que les responsables de l'évaluation et de la prise de décisions connaissent ce qu'évaluent les divers outils.
  3. Il faut approfondir la recherche pour créer des mesures normalisées des caractéristiques pertinentes au risque évaluées par les outils existants. Les évaluateurs pourraient ainsi expliquer les facteurs psychologiques important responsables des risques de récidive plutôt que simplement présenter un nombre ou une étiquette (par ex. : « risque élevé ») associé à un score particulier.

Source

Pour de plus amples renseignements

R. Karl Hanson, Ph. D.
Recherche correctionnelle
Sécurité publique Canada
340, avenue Laurier Ouest
Ottawa (Ontario) K1A 0P8
Téléphone : 613-991-2831 Télécopieur : 613-990-8295
Courriel : Karl.Hanson@sp-pc.gc.ca

Date de modification :